Sans queue ni tête


C'est l'histoire d'un chien japonais qui se rend à la gare pour attendre son maître, par habitude - et c'est vraiment inhumain l'habitude. Mais son maître est mort (de façon tragique bien sûr). Il n'a donc plus rien de vivant, plus rien d'humain non plus, ce maître, qui donc ne viendra pas, ne viendra plus, mais qui (parce qu'on est au Japon) envoie son fantôme à la rencontre du chien esseulé et ignorant de son état, qui ne pleure pas encore la disparition d'un maître dont il attend, aussi, l'habitude, mais pour qui la récompense est le salut des braves de son espèce (mammifère certes mais non humaine) dont le regard seul forcerait à croire qu'ils ont une conscience que l'on sait absente ; alors qu'il ne leur manque que la parole.

Le fantôme, qui est gentil qui veut rendre service mais qui ne sort pas souvent de son cimetière trop médusé par la contemplation de l'infini nouvellement ouvert à lui, ne sachant plus la force de l'habitude : descend du mauvais côté du train, sur le mauvais quai, du mauvais côté de la gare, sûrement un mauvais jour où il aurait fait bon rester dans un caveau à prier pour le salut de son âme.
Sur ce quai, égaré, il suit la déambulation des habitués à croire que leur déambulation dépend d'eux mêmes et leur retard dépend des autres.
Il ne voit pas le chien, trop occupé à mater les petites écolières qui rentrent de l'école, parce qu'il y en a beaucoup plus dans les gares que dans les cimetières ; ce qui lui fait penser dans son esprit éternel qu'il commence à aimer les gares.

Mais le chien devine son maître dans l'enveloppe éthèrique qui oscille à l'onde puérile des tendrons sur l'autre quai, de l'autre coté de la gare, le mauvais côté.
Il s'élance vers l'inconnu, vers ce côté où un bon chien ne s'aventure que dans les pas de son maître et sous son autorité bienveillante, où un bambin se fait apprendre la règle d'or des traverses, des chemins que l'on croise : la fameuse règle du "un coup à gauche, un coup à droite" comme pour dire au monde, au destin et à la fatalité qu'on ne les ignore pas, qu'on les salue en les regardant venir.

Mais comme toute bête qu'il est, il s'élance. Il ignore le destin, comme toute bête qu'il est.
Et là... ZAN NÉN le chien japonais !

Il y en a eut partout, c'était sanglant et triste à vous faire vomir des larmes. Aucune scène censurée.

Il n'y a pas vraiment de morale à cette histoire comme il n'en arrive jamais en occident ou alors beaucoup plus courte.