Si l'on nous pousse à la guerre civile
À qui profitera le pouvoir ?

Si l'Europe se fragmente
en régionalisme haineux
Qui ne la contrôlera que mieux ?

Si tu n'as pas encore compris le grand plan
Qui t'ouvriras les yeux ?

Si tu t'agrippes à ce que tu as appris
Niant que tu ne sais rien
Comment peux-tu te croire adulte, libre et responsable ?
Je ne vais pas dormir mais je vais être ronflant.

Parfois on cueille une fleur. On la décrit.
Cela peut être délicieux, avec poésie... Mais moi, je fais dans la cloche de village, dans ce qu'on dit la nuit qui ne voit jamais le jour. Dans le somnambulisme :
...

Deux voix s'expriment à travers nous..

La première a ce talent impulsif de bondir sur le souffle, propulsant dans les airs nos pensées immédiates, celles qu'on libère en parade au monde qui s'affiche et s'impose à nous, parant nos ambitions, réduisant parfois à néant nos croyances sur notre devenir.

Cette première voix laisse libre cours à ce que l'on croit voir du monde. En criant haut et fort la description que l'on peut en faire, elle rassure : on peint pour soi-même sur le grand mur du réel les mots que l'on connait. Barrant ici le chemin, innondant de mots tendres ou durs les espaces du quotidien, faisant nôtre d'autrui, creusant le tunnel qui nous capture au coeur de tous nos possibles, les réduisant au minimum de ce que nous avons déjà découvert, avec l'audace de croire que seul le vide reigne au delà de notre perception.

C'est la voix de la franchise. Celle que l'on peut s'aventurer à nommer honnêteté ; alors qu'elle n'a de sincère que sa fragilité.

Mieux valent des mots dits sans importance que ceux rendus telle une sentence...

Les mots de la bouche sont de même nature que le vent : ils ne peuvent jamais qu'indiquer leur direction, non leur origine ni leur destination.

Les mots que l'on dit sont donc les mots que l'on voudrait croire. On n'a jamais rien fait mieux depuis.


L'autre voix pourrait porter un 'e'.
Elle est le chemin qu'on laisse parcourir à l'autre s'il a l'ouïe fine et grand le coeur.

Elle porte la contrariété de réaliser ce contre quoi on se protège.

C'est elle le vide derrière la scène.

Elle ne saurait mentir. On ne saurait la saisir si on ne l'a pas perçue comme le silencieux vacarme qui nous remplit entièrement. Nous porte et nous encombre.

Elle est à la fois plus immense et plus discrète. C'est une contrainte par l'absence. Elle est plus fine mais moins fragile. Inévitable et pourtant invisible. Évidente et abstraite. Fidèle et goupile. Immuable et maligne. Constante et circonvolutive.


Mais elle ne peut convaincre la première !
Et de cela on ne peut en vouloir ni à l'une ni à l'autre. 
À la première d'être volubile et d'avoir voulu s'engager, d'à son tour avoir fait croire. 
À la seconde de s'être tû, d'avoir contredit la première, de l'avoir compromise. Bref, de nous plonger dans l'abarra du dilemne, la confusion du paradoxe.

On peut tout écouter, tout entendre et tout dire : la mélodie d'un être résonne dans le silence entre ses mots.

C'est donc une grande qualité que de savoir fermer sa gueule quand passe, diligemment, la caravane du destin.


Qui a le coeur grand et fine l'ouïe peut tout entendre, et écouter. Tant mieux s'il lui est donné de comprendre, c'est qu'il s'est abstenu de juger
Ya un con qu'a dit ya pas longtemps : L’égalité, c’est pour quand ? 
Je lui réponds tout de go : l'égalité, c'est le droit individuel à être différent, très différent, terriblement différent, diaboliquement différent, si tragiquement différent qu'il ne saurait exister une échelle de mesure, de valeur, de comparaison ou de temps pour escalader ne serait-ce que les contours de cette inégalité aussi grotesque que gigantesque. Mais, semble-t-elle, fragile.
Quand l'égalité perd son droit et devient un devoir, alors la Loi voile les femmes - puisque c'est ce que vous craignez - et viole les Hommes et leur devenir.

Murmure, au pavillon des lices



Viens,

Dédaignant l’audace de saisir
Ce que cette vie n’offre qu’à soi-même

Prison niée ? 
de la cohorte barbante
suante et béate,

Délaisse un instant 
ce qui te sert à l’envol
Déleste ta fougue hennissante 
dans ce cruel licol

Et viens

Glisse-toi doucement 
du côté de mon torse
Viens, 
sépare mon arbre de son écorce

Pour t’enticher ? 
te montrer ma plus belle âme
Alarmés aussitôt, 
si tôt le premier drame

Mes mots n’ont le courage que de la plume
J’ai mis au monde une certaine amertume
Qui tantôt parfume, d’une chaleur cafée.
Mets donc un peu ton sucre sur cet orange étranger

Hantée
Laisse-toi guider sous l’ombre de 
L’aigle en tin
Raviver tes aires par la
Flore andine,

Viens

Tu me trouveras plus que jamais 
à l’aplomb des falaises
Au-dedans de toi, 
interdite
Au crin nu de ma peau blême

Dételé 
de ce devoir bestial
L’envolant bégayer, 
au lu,
de son piédestal

Pointant la naïade, 
et n’en voulant qu’une
Mes bras, tout étendus, 
je suis pendu à la lune

Viens
Tomber l’ancre dans ma digue
Ressac doux 
dans tes longues fatigues

Offrande d’une tête blonde 
accordée à ton sein
La douceur inonde 
la ronde de tes nageurs félins

Coeur ébleuï 
par tant de coups dans son armure.
Tu t’étales, filante, 
dans ta plus belle allure

Il ne reste d’autre fuite 
que mes lignes sur l’océan
Un cri dans ma lutte, 
un fleuret sur ton flanc

Forme étrusque 
de l’aviron lointain
Charpente l’inconnu 
à l’horizon de tes mains

Rien en plus, 
moins qu’une phrase
Dégaine d’abois, 
je dis 

Viens

Tout dans mon rien
Me déchaine vers le tien
Il promet l’impossible 
pourtant 
Seul comme un chien

Au piquet du Vieux Port
Il réclame pêle-mêle,
Les artères de ton nom,
Les arbores de tes ailes

Pieu de bois sur le môle
Arrrrime-toi à mes hans
Dernier appel serein
Après, je prends les sangs

Viens

Croulant en demies
- nos avalanches claires
Fidèle au phare, 
au bord de la mer

Abattu en pluie fine 
sur l’étale clerc
Je m’adosse impuissant 
contre mes voeux de chair

Viens, encore,
Prolongeant le souffle 
de quelques embrassées
Plus rien n’embarrasse 
ma gorge courroucée.
Je l’étends sur les vagues 
pour te réceptionner

neimen⎪2015