Je ne vais pas dormir mais je vais être ronflant.

Parfois on cueille une fleur. On la décrit.
Cela peut être délicieux, avec poésie... Mais moi, je fais dans la cloche de village, dans ce qu'on dit la nuit qui ne voit jamais le jour. Dans le somnambulisme :
...

Deux voix s'expriment à travers nous..

La première a ce talent impulsif de bondir sur le souffle, propulsant dans les airs nos pensées immédiates, celles qu'on libère en parade au monde qui s'affiche et s'impose à nous, parant nos ambitions, réduisant parfois à néant nos croyances sur notre devenir.

Cette première voix laisse libre cours à ce que l'on croit voir du monde. En criant haut et fort la description que l'on peut en faire, elle rassure : on peint pour soi-même sur le grand mur du réel les mots que l'on connait. Barrant ici le chemin, innondant de mots tendres ou durs les espaces du quotidien, faisant nôtre d'autrui, creusant le tunnel qui nous capture au coeur de tous nos possibles, les réduisant au minimum de ce que nous avons déjà découvert, avec l'audace de croire que seul le vide reigne au delà de notre perception.

C'est la voix de la franchise. Celle que l'on peut s'aventurer à nommer honnêteté ; alors qu'elle n'a de sincère que sa fragilité.

Mieux valent des mots dits sans importance que ceux rendus telle une sentence...

Les mots de la bouche sont de même nature que le vent : ils ne peuvent jamais qu'indiquer leur direction, non leur origine ni leur destination.

Les mots que l'on dit sont donc les mots que l'on voudrait croire. On n'a jamais rien fait mieux depuis.


L'autre voix pourrait porter un 'e'.
Elle est le chemin qu'on laisse parcourir à l'autre s'il a l'ouïe fine et grand le coeur.

Elle porte la contrariété de réaliser ce contre quoi on se protège.

C'est elle le vide derrière la scène.

Elle ne saurait mentir. On ne saurait la saisir si on ne l'a pas perçue comme le silencieux vacarme qui nous remplit entièrement. Nous porte et nous encombre.

Elle est à la fois plus immense et plus discrète. C'est une contrainte par l'absence. Elle est plus fine mais moins fragile. Inévitable et pourtant invisible. Évidente et abstraite. Fidèle et goupile. Immuable et maligne. Constante et circonvolutive.


Mais elle ne peut convaincre la première !
Et de cela on ne peut en vouloir ni à l'une ni à l'autre. 
À la première d'être volubile et d'avoir voulu s'engager, d'à son tour avoir fait croire. 
À la seconde de s'être tû, d'avoir contredit la première, de l'avoir compromise. Bref, de nous plonger dans l'abarra du dilemne, la confusion du paradoxe.

On peut tout écouter, tout entendre et tout dire : la mélodie d'un être résonne dans le silence entre ses mots.

C'est donc une grande qualité que de savoir fermer sa gueule quand passe, diligemment, la caravane du destin.


Qui a le coeur grand et fine l'ouïe peut tout entendre, et écouter. Tant mieux s'il lui est donné de comprendre, c'est qu'il s'est abstenu de juger